Quand un moment de lucidité nous fait entrevoir une réalité peu joyeuse, un monde où nos enfants respirent plus de stress que d’oxygène, un mot nous redonne espoir : « déménagement ». Mais, où aller ?
En famille, j’avais élu domicile dans une copropriété où le calme et la sérénité régnaient. Cependant, dès que l’on passait les portes de ce cadre préservé, on plongeait dans une effervescence permanente. La ville semblait ne jamais se mettre en pause.
Au bout de quelques années, nous constations que cette émulation débordante s’était infiltrée dans notre havre de paix. Un jour, nous primes conscience que nos enfants la subissaient au quotidien. De nouvelles interpellations avaient pris place dans notre foyer : “Vite, nous sommes pressés ! Dépêchez-vous ! Allez, vite il faut y aller ! Accélérez, on va être en retard !”
Il fallait que l’on quitte cet environnement qui déteignait négativement sur notre famille. Déménageons !
Il nous faut trouver une destination où la notion de suractivité n’est pas inévitable. Au vue de notre expérience, nous optons donc tout naturellement pour un lieu éloigné des grandes villes. Depuis toujours, les montagnes haut-savoyardes sont notre soupape de décompression. En effet, au sein de cet environnement, l’omniprésence des sommets nous rappellent qu’une immense source de sérénité est à portée de main. Voici une terre d’accueil toute trouvée.
Aujourd’hui, dès que nous levons les yeux et regardons ces sommets majestueux, nous nous sentons blottis dans un écrin de beauté exceptionnel.
Cette image idyllique est soigneusement façonnée et largement reléguée par les différentes structures ambassadrices des lieux à travers des slogans tels que : « Vos plus beaux souvenirs vous attendent ici »1.
Mais attention, les allures de carte postale peintes par certains communicants sont très largement voilées, et c’est peu de le dire. Cet environnement de pleine nature est aussi le théâtre d’un autre type d’oppression : en vallée de l’Arve, nos enfants et nous même sommes loin de respirer « le bon air pur de la montagne ».
Le premier indice a été la durée de limitation de vitesse sur l’autoroute qui traverse la vallée : du 1er novembre au 31 mars… cinq mois consécutifs… Incroyable !
Et après cette petite entrée en matière, le fait de plonger littéralement dans un nuage jaunâtre quand je rentrai de mes virées un peu plus en altitude, m’a permis de prendre pleinement conscience de l’ampleur du phénomène.
C’est donc durant mon premier hiver, saison propice à la constitution des nuages de pollution due au phénomène d’inversion des températures 2, au fil des multiples plongées à répétition, que cette désillusion a eu l’effet d’un détonateur en moi :
Cette situation est inacceptable, il faut que je fasse quelque chose !
De là le projet Hopika a commencer à germer.
rédaction : Thierry LEGUAY
1 : Slogan de Savoie Mont Blanc.com
2: Il arrive parfois que la température de l’air augmente avec l’altitude. C’est là un cas d’inversion de température et l’air près du sol est plus froid que l’air plus haut. Dans ces conditions, l’air est stable et le mouvement vertical de l’air ou de la fumée ne peut s’effectuer. [plus d’info : meteocentre.com/intermet/temperature/inversion.htm]